Le syndicat des enseignants dénonce la visite de Pap Ndiaye aujourd’hui (jeudi) dans le département, dont ils ont été prévenus mardi sans en connaitre les détails et objectifs, et pour laquelle ils n’ont pas pu se mobiliser sur le terrain. FSU 73 aurait notamment aimé que la question de la revalorisation salariale soit abordée, tout comme les conditions de travail, « en ces moments de forte mobilisation sociale et de colère dans tous les secteurs dont celui de l’éducation ». Pour le syndicat, « le ministre est incapable de répondre aux préoccupations centrales des personnels ».
Les précisions de FSU 73 :
« Monsieur le ministre de l’Éducation nationale nous fait l'honneur de sa visite en Savoie en cette fin de semaine. En ces moments de forte mobilisation sociale et de colère dans tous les secteurs dont celui de l'éducation, vient-il nous annoncer :
- une revalorisation salariale?
- de meilleures conditions de travail: des effectifs allégés, des moyens d'exercer correctement nos missions?
Apparemment...non! Le ministre vient observer deux classes EMILE en collège REP dans lesquelles un dispositif "coup de pouce", issu d'Apprenance, a été mis en place. Les enseignants de cet établissement sont unanimes : "Tous les dispositifs mis en place au collège ne fonctionnent que sur des heures supplémentaires". Ceci interroge sur les conditions de travail, l'épuisement des équipes pédagogiques et la frustration causée par ce dispositif qui n'est qu'une petite goutte d'eau. Les dispositifs doivent être budgétisés en heures postes ! Les enseignants voient arriver des élèves de sixième en situation de décrochage scolaire, situations nouvelles depuis 5 ans. Causalité ou corrélation avec la suppression des postes de maître E et G et la sous dotation pour le bon fonctionnement des Rased ? Les réponses nous paraissent encore...hors sujet!
Le ministre visitera notamment des collèges, cet « homme malade du système éducatif » selon ses propres mots. Après des mois à user de métaphores pointant les problèmes, bien réels, du collège, le ministre vient défendre ses mesures cosmétiques. Enfermé dans le carcan des suppressions de postes et de la baisse de moyens humains, le ministre est incapable de répondre aux préoccupations centrales des personnels : revalorisation, baisse des effectifs dans les classes et amélioration des conditions de travail.
Des réponses hors sujet
Alors qu’il existe un important noyau d’élèves en grande difficulté en 6eme, le ministre impulse un dispositif léger et contestable, sans cadre national, ni moyens dédiés. Faut-il rappeler que près de 481 emplois dans le second degré et plus de 1000 dans le premier degré seront supprimés à la prochaine rentrée ? Ce dispositif ne permettra pas d’améliorer de travailler dans la durée sur les difficultés des élèves et ne s’appuie pas sur les recherches concernant notamment la construction des inégalités et des difficultés scolaires. La généralisation de Devoirs faits en 6eme va dans le même sens pour un dispositif dont l’enjeu est en fait de piloter les pratiques pédagogiques des professeurs.
Ce saupoudrage d’heures de soutien s’ajoute à ce qui existe déjà : activités pédagogiques complémentaires à l’école, devoirs faits au collège, stages de remise à niveau, des dispositifs qui n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité puisque les inégalités se creusent toujours. Depuis des mois, le ministre fait la promotion du pacte enseignant, marotte présidentielle qualifiée de revalorisation mais qui n’est autre qu’un grossier synonyme de « travailler plus pour gagner plus ». Or, les enquêtes institutionnelles montrent que les enseignants du premier et du second degré travaillent déjà plus de 43 heures par semaine en moyenne. La participation des professeurs des écoles à des dispositifs de soutien en 6eme s’inscrit d’abord dans la stratégie ministérielle qui consiste à chercher tout azimut des nouvelles activités à intégrer dans le pacte. Cela confirme que celui-ci n’a aucune logique pédagogique mais qu’il a d’abord et surtout une logique politique : appliquer un projet présidentiel sans tenir compte de la réalité du terrain ! Les personnels sont déjà épuisés et autant dire qu'ils ne tiendront pas jusqu'à 64 ans !
La FSU73 revendique :
En collège, en 10 ans, la part des classes de plus 30 élèves a doublé dégradant les conditions d’apprentissage des élèves et des personnels alors qu’il ne faudrait pas plus de 24 élèves par classe (et 20 en éducation prioritaire). Pour la FSU, plutôt que d’externaliser le traitement pédagogique des difficultés scolaires à travers des dispositifs comme Devoirs faits aux collège, l’aide aux élèves doit se faire avant tout, dans la classe, par les enseignants. Outre des effectifs décents, cela nécessite des moyens permettant d’organiser dans toutes les disciplines du travail en groupes à effectif réduit Si des difficultés existent en 6eme, ne serait-il pas nécessaire de les enrayer avant ? C’est notamment avec l’abaissement des effectifs dans toutes les classes de l’école primaire, la mise en place d’enseignants supplémentaires mais également en réabondant les postes d’enseignant-es de réseau d’aides pour permettre de traiter la difficulté scolaire dans les classes que cela doit se faire.
Se mobiliser pour porter une autre ambition pour l’École
Face à un projet présidentiel qui ne règle en rien le problème de la difficulté scolaire et des inégalités, des mesures qui ne portent aucune attention aux conditions de travail des personnels, les syndicats enseignants de la FSU (SNUipp-SNES-SNEP-SNUEP-SNESup) portent une toute autre ambition pour l’École : baisse des effectifs, traitement des difficultés scolaires dans la classe notamment grâce à des moyens fléchés (enseignants supplémentaires, RASED …), autant de mesures nécessaires pour améliorer l’inclusion.
Au lendemain de la tragédie de l'assassinat d'une collègue à St Jean de Luz, la FSU73 est solidaire des proches de la victime, et condamne les récupérations politiques sécuritaires de la droite. Tout comme les moyens pédagogiques, la médecine scolaire est sous dotée depuis longtemps alors qu’elle joue un rôle primordial. Il est pourtant urgent de tout mettre en œuvre pour prévenir ces violences. L'éducation a besoin de solidarité, de moyens et d'une médecine scolaire à la hauteur plus que de portiques d’entrée et de caméras.
Il est temps que Monsieur le ministre entende l'urgence d'un plan pour l'école qui prenne soin de toutes et tous, dans tous les quartiers, dans toutes les régions. »