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Genève : de graves abus dans l’hôtellerie-restauration

Genève : de graves abus dans l’hôtellerie-restauration
Photo d'illustration

C’est ce que révèle aujourd’hui le syndicat Unia, qui a mené une enquête auprès des salarié(e)s du secteur.

Des faits de harcèlement et des mauvaises conditions de travail sont notamment évoqués : 27% des femmes sondées déclarent avoir subi du harcèlement sexuel tandis que deux-tiers des personnes interrogées indiquent que leurs pauses ou jours de congé sont parfois supprimés par leur responsable. Le syndicat Unia demande alors des solutions conventionnelles concrètes, et appelle toutes les salariées de l’hôtellerie-restauration à se mobiliser massivement pour la grève des femmes du 14 juin.

Les précisions d'Unia :

Les employé-e-s de l’hôtellerie-restauration sont victimes de graves abus

Une enquête du syndicat Unia auprès des salarié-e-s de l’hôtellerie-restauration jette une image déplorable de la profession. En plus des infractions systématiques de la CCNT, le sondage révèle que les femmes occupées dans ce secteur sont les premières victimes d’abus. Unia demande des solutions conventionnelles concrètes et continuera à se battre pour des conditions de travail respectueuses des travailleuses et des travailleurs.

Mi-février, Unia lançait un sondage national sur le harcèlement et les conditions de travail dans l’hôtellerie-restauration afin de saisir l’ampleur des problèmes rencontrés par les salarié-e-s. Les résultats de l’enquête confirment un constat déjà établi par le syndicat. Les réglementations sur les conditions de travail dans la branche sont largement violées.

Les droits du travail sont bafoués

Les employeurs de l’hôtellerie-restauration s’en sortent particulièrement mal en ce qui concerne la planification du temps de travail. Alors que la Convention collective nationale de travail pour les hôtels, restaurants et cafés (CCNT) prescrit l’établissement des plannings deux semaines à l’avance pour deux semaines, seul un tiers (33%) des répondant-e-s les reçoivent régulièrement avec anticipation. Deux tiers des personnes interrogées (65%) indiquent que leurs pauses ou jours de congé sont parfois supprimés par leur responsable. Et près de trois quarts sont contactés en permanence (23%) ou de temps en temps (50%) par leur chef pendant leur temps libre.

Les femmes sont les premières victimes d’abus

Les résultats de l’enquête concernant le mobbing et le harcèlement sexuel sont effrayants : 42% des sondées ont été victimes de mobbing au travail et 27% ont subi du harcèlement sexuel. Les trois quarts des agissements ont été commis soit par l’employeur (37%), soit par des collègues de travail (39%). A peine une personne sur quatre qui a été exposée au harcèlement sexuel ou moral a obtenu le soutien de son employeur (23%).

Harcèlement sexuel au travail : le combat des salariées

Quatre répondantes du sondage ont témoigné de leur douloureuse expérience liée au harcèlement sexuel et au mobbing au travail. A l’aide du syndicat Unia, elles se sont battues pour faire cesser ces agissements.

Mary* et Isabel* ont travaillé pour le même établissement de restauration rapide et ont été toutes les deux mobbées par des collègues, puis harcelées sexuellement par le même gérant. « Le gérant me faisait des commentaires sur ma poitrine et m’a fait des attouchements indésirés sur mon lieu de travail », raconte Mary. Isabel, qui a 22 ans, a très mal vécu cette situation : « C’était mon premier emploi. L’expérience d’avoir été harcelée m’a détruite. J’ai fait des crises d’anxiété et de panique, j’ai fini aux urgences et j’ai dû être hospitalisée ». Suite à l’intervention du syndicat Unia, le gérant a été renvoyé.

Chloé* a, quant à elle, été victime d’un chef qui harcelait presque toutes ses collègues, surtout les jeunes sans-papiers. « Notre chef était très vulgaire, il nous parlait sans cesse de notre corps et se vantait de prendre les filles dans la camionnette de l’entreprise. Celles qui ne suivaient pas son jeu étaient pénalisées par la suppression d’heures dans le planning. J’ai vu plusieurs de mes collègues en pleurs ». Chloé a fini par dénoncer la situation et a préféré démissionner.

Julia* venait d’arriver à Genève, ne parlait pas français et n’avait pas de papiers lorsqu’elle a commencé à travailler dans un café/bar de sa communauté. « Le gérant a tout de suite commencé à me faire des avances. Il m’envoyait des messages déplacés en dehors de mes heures de travail et a même essayé de me toucher alors qu’il avait trop bu. Quand il a compris que je ne voulais rien avec lui, il est devenu agressif, m’humiliait et m’insultait devant les clients. Il me poussait et me serrait fort le bras jusqu’à me laisser des hématomes. En plus, j’étais très mal payée, je travaillais sept jours sur sept, sans qu’aucun de mes droits soit respecté ». Actuellement, une procédure pénale et civile est en cours.

Des propositions d’amélioration sont sur la table

Pour Unia, il est urgent que des solutions soient trouvées pour les employé-e-s de l’hôtellerie-restauration. Des propositions à cet effet sont déjà sur la table : en février de cette année, le syndicat a remis à l’association patronale GastroSuisse une pétition avec plus de 10'000 signatures de salarié-e-s demandant des améliorations conventionnelles. Des revendications pour prévenir et protéger les employé-e-s du harcèlement sont également en cours d’élaboration.

Dans la rue le 14 juin

Parce que la situation des femmes dans l’hôtellerie-restauration est toujours critique, Unia appelle toutes les salariées du secteur à se mobiliser massivement pour la grève des femmes du 14 juin et à revendiquer leurs droits.

* Prénoms d’emprunt