Les vestiges étudiés actuellement concernent plusieurs dizaines de sépultures à inhumation sans doute datées de la période médiévale. Cette zone funéraire est située sur une terrasse constituée d’anciens niveaux lacustres, dominant le lac Léman aujourd’hui traversé par un axe majeur reliant Thonon à Évian, la RD 1005.
La tranche 1 couvrant environ 60% de l’emprise prescrite livre déjà plus d’une douzaine de sépultures à inhumation difficiles à dater en l’absence de tout élément matériel (tesson de céramique, objets en métal). L’attribution à l’époque médiévale repose sur les données acquises anciennement. En effet, les sépultures découvertes dans le cadre de cette intervention sont implantées de manière assez lâche et regroupées dans le tiers nord-ouest de la fouille. Les tombes pourraient ainsi être situées en limite d’un espace bien plus vaste d’après les découvertes réalisées dans le même secteur.
Un autre possible tronçon de cette ancienne zone funéraire, qui avait disparu des mémoires collectives, avait été découvert fortuitement dans les années 1970 lors de la construction des immeubles alentour. Une opération de sauvetage avait permis de fouiller 11 tombes grâce à l’investissement du Groupement de Recherches Archéologiques de Thonon (GRAT). Parallèlement aux recherches de terrain, une recherche en archives est programmée, par David Jouneau du service archéologique du conseil départemental de Haute-Savoie. Il s’agira ainsi de capter d’éventuels documents mentionnant cette zone sépulcrale. Des datations radiocarbones réalisées par des prélèvements osseux permettront également de préciser la chronologie de cet espace funéraire.
L’équipe intervenant sur le terrain regroupe des archéo-anthropologues spécialistes de la fouille des contextes sépulcraux afin d’acquérir un maximum de données dès la phase de terrain. Les squelettes présentent un mauvais état de conservation global (forte fragmentation) compte-tenu de leur ensevelissement dans des sédiments favorisant la circulation d’eau et maintenant l’humidité. Par un enregistrement adapté, il est ainsi possible de limiter la perte de données par l'acquisition de données primaires essentielles, notamment portant sur l’identité biologique des défunts (estimation de l’âge au décès, diagnose sexuelle) et de faciliter l’étude en laboratoire qui débutera dès avril. Les données biologiques recueillies par les anthropologues ont également permis de définir un espace communautaire où les tombes adultes (hommes et femmes, tout âge confondus) côtoient celles des enfants. Les défunts sont inhumés dans de larges et profondes fosses orientées ouest-est, avec un seul recoupement identifié. La position des individus est très standardisée : ils reposent tous allongés sur le dos, tête à l'ouest, pieds à l’est. Les sujets ont tous les bras plaqués contre le corps, tandis que les avant-bras sont fléchis, placés sur le bassin ou sur le thorax. Les jambes apparaissent systématiquement en extension, de manière convergente et jointes au niveau des chevilles. Les observations anthropologiques réalisées sur le terrain ont d’ores et déjà permis de restituer la présence initiale de coffrages en matériaux périssables aujourd’hui disparus (probablement en bois) d’après les effets de contraintes exercés sur la position de certains ossements à distance des parois de la fosse.
Dans deux tombes, les sédiments ont permis la conservation de manière exceptionnelle de vestiges ligneux. Ces derniers ont été prélevés afin que les essences puissent être identifiés en laboratoire par les xylologues (spécialistes du bois). Certains squelettes apparaissent également dans des positions particulières (jambes très resserrées par exemple) témoignant des effets de contention indiquant ainsi l’existence d’enveloppe souple (linceul ou vêtement). Ce site représente en effet l’opportunité d’apporter un nouvel éclairage des pratiques funéraires dans un secteur où les données archéologiques sont encore disparates. Cette intervention contribuera ainsi à une meilleure connaissance de l’occupation des rives du lac Léman sur la commune actuelle de Publier que l’archéologie a encore peu documentée.