On dirait bien que nos savoyards et haut-savoyards ont du talent ! Certaines de ces idées ont traversé les âges, les frontières et sont devenues des indispensables de notre quotidien et même de l'industrie mondiale. Alors, curieux d'en découvrir un peu plus ?
L'Opinel
Le couteau de poche emblématique a commencé son voyage en 1872 avec la naissance de Joseph Opinel dans le hameau de Gevoudaz, à Albiez-le-Vieux. Issu d'une famille de forgerons depuis deux générations, Joseph a grandi avec une passion pour les machines et les techniques modernes.
Cette passion pour la fabrication et le désir de créer quelque chose de nouveau l'ont conduit à développer un petit couteau de poche, le fameux Opinel. Dès 1897, il a commencé à diversifier les tailles de ce couteau pour répondre à des besoins variés et à convenir à des mains de toutes tailles. Le succès de l'Opinel a conduit Joseph à ouvrir sa propre usine en 1901 près du pont de Gevoudaz, à côté de l'atelier familial. Toujours à la recherche d'efficacité, il a conçu une turbine hydraulique pour générer de l'électricité, devenant ainsi le premier de la commune à bénéficier de l'énergie électrique.
Pour assurer la qualité et l'authenticité de ses couteaux, Joseph a choisi de marquer ses produits avec un emblème. En 1909, en réponse à une demande du roi Charles IX adressée aux maîtres couteliers, il a apposé un symbole sur ses couteaux pour en garantir l'origine : La Main Couronnée. La main représente celle de Saint Jean-Baptiste, figurant sur les armoiries de Saint-Jean-de-Maurienne, la ville la plus proche de son village et le lieu d'origine de sa famille. La couronne symbolise le passé du duché de Savoie.
Depuis lors, tous les couteaux Opinel portent ce symbole distinctif de La Main Couronnée, garantissant ainsi l'authenticité et la qualité de ces outils artisanaux qui ont résisté à l'épreuve du temps et sont devenus des objets incontournables pour de nombreux utilisateurs à travers le monde.
La Samaritaine
Point central du commerce parisien, La Samaritaine a tout d’abord été créée en Haute-Savoie ! Marie-Louise Jaÿ est une savoyarde originaire du petit village du Villard à Samoëns, dans l'ancien duché de Savoie. Elle grandit dans un environnement très humble et, dès son adolescence, travaille comme bergère, gardant des chèvres. Plus tard, elle décroche un emploi de vendeuse à la boutique de la Nouvelle-Héloïse, où elle rencontre Ernest Cognacq, le propriétaire d'une petite échoppe nommée La Samaritaine. Le couple se marie en 1872, et dès lors, ils se lancent corps et âme dans le développement de leur magasin, travaillant sans relâche et innovant constamment pour faire prospérer leur affaire. Leur dévouement porte ses fruits, car rapidement, leur boutique connaît un succès fulgurant et devient un véritable empire commercial.
En 1970, un siècle après que le couple a acquis la première boutique, La Samaritaine s'est transformée en un géant du commerce avec quatre immeubles, une société de vente par correspondance, d'énormes entrepôts et de nombreux employés. Grâce à la détermination et au travail acharné de ses fondateurs, La Samaritaine est devenue un point central du commerce parisien.
Malgré leur succès, Marie-Louise Jaÿ et Ernest Cognacq n'ont jamais oublié leurs origines modestes. Animée par un esprit philanthropique, Marie-Louise a utilisé son succès pour créer de nombreuses œuvres caritatives, dont une maison de retraite et une pouponnière, pour soutenir les plus démunis et partager les fruits de leur réussite.
L'eau de Javel
La Javel a été inventée par le chimiste et politicien Claude-Louis Berthollet. Claude-Louis Berthollet est né à Talloires, près d'Annecy, le 9 décembre 1748. Il a tout d’abord découvert les propriétés blanchissantes du chlore. À partir de cette découverte, il a mis au point une méthode de blanchiment des textiles qui utilise une solution d'hypochlorite de sodium, mieux connue sous le nom d'eau de Javel. En 1804, il est élevé au rang de grand officier de la Légion d'honneur et, en 1820, il devient cofondateur de l'Académie de Savoie.
La télégraphie sans fil
La télégraphie sans fil (TSF) a marqué une révolution dans le domaine des communications, ouvrant la voie à une toute nouvelle ère d'innovation. Cette technologie a rendu possible la transmission de signaux sans câbles, ce qui a radicalement transformé la manière dont l'information pouvait être partagée sur de longues distances.
Elle tient son origine non pas de la Haute-Savoie, mais de chez nos voisins en Savoie ! En effet, derrière cette innovation se trouve Gustave Ferrié, un ingénieur français né en Savoie en 1868. Diplômé de l'École Polytechnique, Ferrié avait initialement commencé sa carrière dans la télégraphie optique et électrique, avant de se tourner vers l'armée. Sa spécialisation et son intérêt pour la télégraphie sans fil ont contribué à faire progresser cette technologie, faisant de lui l'un des pionniers dans le domaine. Un des moments clés dans le développement de cette technologie a eu lieu à la Tour Eiffel. En 1903, grâce au soutien de Gustave Eiffel, Ferrié a commencé à utiliser la tour comme support d'antenne, ce qui a permis de faire des essais de transmission de signaux sur des distances de plus en plus grandes. Les résultats étaient impressionnants : d'abord 400 km, puis, cinq ans plus tard, des liaisons à plus de 6 000 km.
Ces percées ont conduit à des applications pratiques, comme la synchronisation de l'heure sur tout le territoire français en 1910 ! Grâce aux transmissions entre les observatoires, la tour Eiffel pouvait unifier l'heure, ce qui a grandement amélioré la coordination des activités à l'échelle nationale. Les navires en mer pouvaient également désormais communiquer avec le continent pour obtenir l'heure exacte et déterminer leur position, améliorant ainsi la sécurité maritime.
Le maillon rapide
Issu d'un modeste atelier de forge à La Roche-sur-Foron, le maillon rapide continue de laisser son empreinte sur l'industrie haut-savoyarde. Ce composant simple mais robuste, breveté par Firmin Desbiolles en 1941, est aujourd'hui utilisé partout dans le monde. Initialement conçu pour l'agriculture, ce "petit élément" est devenu essentiel dans des secteurs comme la navigation, le parapente et l'alpinisme. Depuis 1955, ce produit spécialisé est fabriqué à Annemasse par l'entreprise Peguet, le seul fabricant européen de ce maillon bien connu. L’idée vient à Firmin au sortir de la Première Guerre mondiale, juste après avoir été gravement blessé par des éclats d’obus au sein de l’artillerie, alors qu’il retourne travailler dans la forge de son père. Lorsqu’il confectionne ses premiers maillons, il est loin de se douter de l'ampleur que ceux-ci vont prendre.
Si vous être amateur de culture et curieux de découvrir le patrimoine exceptionel de la région, laissez-vous tenter par cet article sur les plus grands vins de Savoie !