Faut-il s'inquiéter pour le glacier de Tête Rousse à Saint-Gervais? 60 000 m3 d'eau ont à nouveau été détectés sur ce glacier. En 1892, la rupture d’une poche d’eau sur le glacier de Tête Rousse avait causé la mort de 175 victimes. Une poche d’eau avait également été découverte en 2010 entrainant plusieurs opérations de pompage ainsi que la mise en place d’un système d’alerte.
L'information ne devait pas être dévoilée avant mars
L’information ne devait pas être rendue publique avant le mois de mars. La préfecture de Haute Savoie et la mairie de Saint-Gervais ont finalement confirmé plus tôt que prévu, qu’un réservoir d’eau d’environ 60 000 m3 avait été détecté sur le glacier de tête Rousse à Saint Gervais.
Ce volume d'eau situé sur une rimaye
Ce volume d’eau se situerait dans une rimaye, une crevasse autrement dit en partie haute du glacier. De prochaines investigations devraient bien sur permettre de préciser ces dernières observations, mais les services de l’état précisent que ce réservoir ne présente pas de caractère inquiétant pour le moment.
Pas de disparition du glacier à brève échéance
Il a été constaté qu’au cours des 15 dernières années, que le glacier perdait en épaisseur de glace mais pas forcément en superficie. Sa disparition n’est donc pas à l’ordre du jour à brève échéance.
Communiqué officiel de la préfecture de la Haute-Savoie et de la mairie de Saint-Gervais
En 1892, la rupture d’une poche d’eau sur le glacier de Tête Rousse à Saint-Gervais-les-Bains avait causé la mort de 175 victimes.
Sous surveillance de l’État depuis le début du XXe siècle et des scientifiques depuis 2007, la découverte d’une poche d’eau lors d’une campagne d’investigations en 2010 a justifié la réalisation par la commune de Saint-Gervais-les-Bains de plusieurs opérations de pompage entre 2010 et 2012 ainsi que la mise en place d’un système d’alerte.
Un suivi scientifique régulier du glacier est depuis réalisé, comprenant un programme annuel d’investigations récurrentes et occasionnellement des investigations plus approfondies si nécessaire. Au cours des 15 dernières années de suivi et d’investigations effectuées, il a été constaté que le glacier de Tête Rousse perd en masse (épaisseur de glace) mais pas forcément en superficie. Si la perte de masse moyenne sur l’ensemble du glacier sur la période 2011-2024 est d’environ -6.34 m, pour autant, l’épaisseur de glace atteint encore environ 70 m au centre du glacier : sa disparition n’est donc pas à l’ordre du jour à brève échéance.
Le fonctionnement du glacier de Tête Rousse peut s’apparenter à une « éponge » qui absorbe en permanence l’eau circulant depuis la surface. En l’absence d’un exutoire important au front du glacier, cette eau se stocke en partie au sein de la glace, soit de manière diffuse dans les interstices de la glace, soit dans des crevasses et/ou cavités qualifiées de « réservoirs 1» comme celui repéré cette année, soit
dans des « poches 1» comme celle identifiée en 2010 en partie centrale du glacier. Le glacier de Tête Rousse contient aujourd'hui un volume d’eau équivalent à celui mesuré en 2009 (de l’ordre de 60 000 m3), sur sa partie amont et préférentiellement au niveau d’une rimaye (crevasse en partie haute du glacier, à l’interface avec le socle rocheux). De prochaines investigations devraient permettre de
préciser ces dernières observations, qui ne présentent pas de caractère inquiétant, avec notamment une quantification affinée du volume d'eau contenu dans ce réservoir.
La cavité identifiée en 2010, et vidée en 2010-2012, si elle est toujours présente, n’est actuellement que très peu alimentée en eau et déconnectée du reste du glacier.
Le glacier de Tête Rousse se réchauffe dans sa partie basse mais globalement très lentement (+ 0.1 °C entre 2010 et 2024) ; il reste caractérisé par un front froid et qui, selon le réchauffement observé, n’atteindra pas 0°C avant plusieurs décennies. La partie haute du glacier, à l’inverse, tend à se refroidir (de quelques dixièmes de degrés sur la dernière décennie), expliquant le stockage de l’eau observé
actuellement dans sa partie amont.
Le glacier de Tête Rousse, comme ses congénères, reste un milieu évolutif au gré du fluage de la glace, de sa fonte, de son réchauffement, de l’influence du climat, … De ce fait, les phénomènes de rétention d’eau suivis depuis 2010 sont en constante évolution.
Les risques identifiés au début des années 2010 sont, aujourd’hui écartés ; pour autant, un suivi du glacier de Tête Rousse s’impose comme nécessaire et devant s’inscrire dans la durée.;
Dans cette démarche au long cours, l’État continuera à se mobiliser auprès de la commune de SaintGervais-les-Bains, au même titre que la communauté scientifique et technique.